"Rosenthal parlait. Il parlait toujours beaucoup parcequ'il avait une voix prophétique et qu'il pensait persuader facilement à cause du timbre de sa voix; ses compagnons l'écoutaient en regardant les reflets framboise de Paris au-dessus de leurs têtes, mais ils songeaient confuséement aux femmes qui se couchaient et qui disaient à leurs maris, à leurs amants des mots de machines parlantes ou peut-être des phrases bouleversantes de haine, de passion ou d'obscénité.
C'étaitaient cinq jeunes gens qui avaient tous le mauvais âge, entre vingt et vingt-quatre ans; l'avenir qui les attendait était brouillé comme un désert plein de mirages, de pièges et de vastes solitudes. Ce soir-là, ils n'y pensaient guère, ils espéraient seulement l'arrrivée des grandes vacances et la fin des examens.
- A la rentrée, dit Laforgue, nous pourrons donc publier cette revue, puisqu'il se trouve des philantropes assez naïfs pour nous confier des argents qu'ils ne reverront pas. Nous la publierons, et au bout d'un certain temps, elle mourra...
- Bien sûr, dit Rosenthal. Est-ce que l'un de vous est assez corrompu pour croire que nous travaillons pour l'éternité?
- Les revues meurent toujours, dit Bloyé. C'est une donnée immédiate de l'expérience.
- Si je savais, reprit Rosenthal, qu'une seule de mes entreprises doive m'engager pour la vie et me suivre comme une espèce de boulet ou de chien fidèle, j'aimerais mieux me foutre à l'eau. Savoir ce qu'on sera, c'est vivre comme les morts. Vous vous voyez, dans les quarante ans, dirigeant une vieille Guerre civile, avec les sales gueules de vieillards que nous aurons, façon Xavier Léon et Revue de Métaphysique!... Une belle vie, ce serait une vbie où les architectes construiraient des maisons pour le plaisir de les abattre, où les écrivains n'écriraient des livres que pour les brûler. Il faudrait être assez pur, ou assez brave, pour ne pas exiger que les choses durent...
- Il faudrait, dit Laforgue, être absolument délivré de la peur de mourir
- Pas de romantisme, dit Bloyé, ni d'angoisse métaphysique. Nous faisons des projets de revue et nous avons des conversations élevées parce que nous n'avons ni femmes ni argent; il n'y a pas de quoi s'exciter. D'autre part, il faut faire des choses, et on les fait. Ce ne sont pas toujours des revues.
- Si on allait boire, dit Pluvinage.
- Allons, dit Julien."
Paul Nizan; La conspiration.
-Image: René Magritte; La tentation de l'impossible.
"Mensonge. Par prétérition. Ce qu'on tait avec bonne conscience: « J'ai bien le droit de me taire: c'est par le sujet de ce silence que je fructifierai un jour. Je suis seul juge. » Réserve d'avenir. Dans la littérature. Dans l'amour.
J'imagine une époque où la grandeur sera moins dans le refus que dans l'ahésion, où il y aura quelque gloire à se sentir conforme. Toutes les granduers humaines n'ont été jusqu'à maintanant que négatives. Dans l'espoir. L'esprit ne nie toujours qu'au nom de l'espérance. Imaginer le temps où l'on n'espérera plus.
Cette jeunesse passe son temps dans un état de songe; elle est assez comblée par la fabrication de ses symboles et de ses signes. Elle est indifférente aux traces et aux résultats de son action. Il lui suffit que l'un des gestes qu'elle esquisse ait un air de famille avec ses songes, qu'elle s'y reconnaisse. Ses actions n'ont pas de coefficient de réalité très élevé, c'est pourquoi elle ne craint jamais de faire souffrir. Je dis à Rosen:
-Mais enfin, supposez que tout ait mal tourné, que votre ami ait réellement fait de la prison, soit passé en conseil de guerre?
-Et après? dit-il. Il aurait enfin compris que c'était sérieux, qu'on ne jouait pas.
-L'écart entre vos discours, vos ambitions et vos succès me paraît tout de même extrêmement comique.
-Vous n'y comprenez rien.
Etions-nous sérieux à la Sorbonne, avant la guerre, du temps d'Alfred de Tarde et de Massis! La guerre qui éloignait leurs pères a enlevé cette génération jusqu'au soupçon de la responsabilité.
Rosen a bien raison! Ils jouent encore, un rien les amuse. Ils manquent de persévérance, ils changent de jeu avec la versatilité des enfants. Ils ne connaissent pas le bonheur."
La mise en abyme, la vraie, est le moment où le moi interroge le moi. C'est le moment où chacun fait l'expérience de sa propre liberté en s'abîmant, et c'est à partir de là que se développe l'idée du "mal nécessaire".
Sit down, stand up Sit down, stand up Walk into the jaws of hell (sit down, stand up) Walk into the jaws of hell (sit down, stand up) Anytime (sit down) Anytime (stand up) Sit down, stand up Sit down, stand up We can wipe you out anytime (sit down, stand up) We can wipe you out (sit down, stand up) Anytime (sit down) Anytime Stand up (the rain drops the rain drops) Sit down (the rain drops the rain drops) Oh The rain drops [x46]
Peu importe l'ivresse pourvu qu'on ait la descente. C'est la nuit de la passion. Le moment qui répare. Le moment où la vérité se dévoile. Le moment où le moi devient faux et le faux devient moi.
Extrait de LA SURPRISE DE L'AMOUR de Marivaux. Acte premier; première scène: La marquise entre tristement sur la scène; Lisette la suit sans qu'elle le sache.
LA MARQUISE, s'arrêtant et soupirant.
Ah!
LISETTE, derrière elle.
Ah!
LA MARQUISE.
Qu'est-ce que j'entends?...Ah! C'est vous?
LISETTE.
ui, mad a m e.
LA MARQUISE.
De quoi soupirez-vous?
LISETTE.
Moi? De rien... Vous soupirez; je prends cela pour une parole, et je vous réponds de même.
LA MARQUISE.
Fort bien; mais qu'est-ce qui vous a dit de me suivre?
LISETTE.
Qui me l'a dit, madame? Vous m'appelez, je viens; vous marchez, je vous suis; j'attends le reste.
LA MARQUISE.
Je vous ai appelée, moi?
LISETTE.
Oui, madame.
LA MARQUISE.
Allez! vous rêvez. Retournez-vous-en; je n'ai pas besoin de vous.
LISETTE.
Retournez-vous-en!... Les personnes affligées ne doivent point rester seules, madame.
LA MARQUISE.
Ce sont mes affaire; laissez-moi.
LISETTE.
Cela ne fait qu'augmenter leur tristesse.
LA MARQUISE.
Ma tristesse me plaît.
LISETTE.
Et c'est à ceux qui vous aiment à vous secourir dans cet état-là; je ne veux pas vous laisser mourir de chagrin.
LA MARQUISE.
Ah! voyons donc où cela ira.
LISETTE.
Pardi! il faut bien se servir de sa raison dans la vie, et ne pas quereller les gens qui sont attachés à nous.
LA MARQUISE.
Il est vrai que votre zèle est fort bien entendu: pour m'empêcher d'être triste, il me met en colère.
LISETTE.
Eh bien, cela distrait toujours un peu; il vaut mieux qureller que soupirer.
LA MARQUISE.
Eh! laissez-moi; je dois soupirer toute ma vie.
LISETTE.
Vous devez, dites-vous? Oh! vous ne payerez jamais cette dette-là; vous êtes trop jeune, elle ne saurait être sérieuse.
LA MARQUISE.
Eh! ce que je dis là n'est que trop vrai; il n'y a plus de consolation pour moi, il n'y en a plus. Après deux ans de l'amour le plus tendre, épouser ce que l'on aime, ce qu'il y avait de plus aimable au monde, l'épouser, et le perdre un mois après!
LISETTE.
Un mois! c'est toujours autant de pris. Je connais une dame qui n'a gardé son mari que deux jours: c'est cela qui est piquant!
LA MARQUISE.
J'ai tout perdu vous dis-je.
LISETTE.
Tout perdu! Vous me faites trembler. Est-ce que tous les hommes sont morts?
LA MARQUISE.
Eh! que m'importe qu'il reste des hommes?
LISETTE.
Ah! madame, que dites-vous là! Que le ciel les conserve! ne méprisons jamais nos ressources.
Toute théorie, aussi solide soit-elle, est fondée sur un rêve. Pour déconstruire l'ensemble de l'édifice il suffirait de s'attaquer au rêve, c'est à dire l'humain.
Imprimés kitsch, couleurs éclatantes, dentelle et macramé : à l'opposé du zen triste et froid, l'esprit manouche reprend vie. Un débordement plutôt réjouissant côté tissus, coussins et vaisselle. Ça donne envie de s'asseoir, et de boire un verre.
Sur la banquette en fer forgé (290 €, 3Suisses) : plaid en soie gansé anis, 270 € ; housses de coussin en soie anis/jaune et fuchsia/prune, 49 € l'une ; coussins en coton fleuri, 25 € l'un, le tout Tendance khmère. Housses de coussin fuchsia et bleu décorées de sequins, 36 €, et plaid en crochet, 105 €, Vivaraise. Carnets en cuir, 24,50 € l'un, Peper Colony et sac en patchwork, 150 €, Caravane.
Au sol : coussins de sol pièces uniques en tissu ancien (prix sur demande), Vivaraise. Plateau et saladier en cuivre, 130 € et 65 €, Home Autour du monde. Couverts, 4 €pièce, Antoine & Lili. Panier en fibre de noix de coco, 35 €, et pelotes de feutre, 14 €, Caravane Emporium. Poussins en tissu, 26 € et 30 €, The Collection. Ombrelle en coton brodé, 47 €, Les Touristes. Jetés de lit en boutis beige et en coton quilté écru, 238 € l'un, plaid en patchwork quilté main, 250 €,Vivaraise. Au fond : rideaux en dentelle, 53 € la paire, Vivaraise.
*** Un type mystérieux entre dans la grande salle et appelle le garçon ***
-Garçon! -Oui Monsieur? -Un vin rouge s'il vous plait. -Tout de suite Monsieur.
*** Le garçon va au bar et revient avec un verre de vin. ***
-Tenez monsieur. -Mais il n'est pas rouge ce vin? -Non monsieur, c'est du vin manouche, il change de couleur selon l'humeur. Et puis "in vino veritas" comme j'aime me répéter. Vous-voyez, là il est pâle comme ce chat. -Quel chat? -Celui-là Monsieur...
*** On voit un chat passer dans la pièce ***
-Tiens, vous avez raison. Un joli chat pâle qui court. Il a l'air sage, il a perdu ses griffes. Oh, mon Dieu, c'est une femelle. Surprenant! Il me rappelle un chat que j'ai connu un jour! Serait-ce le même? Mon Dieu est-ce possible? (Mais c'est le même mon Dieu... le même à qui j'ai arraché les griffes... à défaut de pouvoir l'éliminer... le même qui me hante tous les soirs dans mes rêves... le même... et j'ai fini par le retrouver... je dois lui rendre ses griffes... il est sans défense... je dois lui rendre ses griffes en espérant qu'il me pardonne... et que mes cauchemars s'arrêtent! Oui, je dois le faire. Je le fais!) Minou, minou! Viens t'asseoir, allez viens.
*** Le chat s'approche ***
-Tu as besoin de quoi mon petit? -(miaou) -Hein? -(miaou) -Que cherches-tu? -(miaou) -Fuir? Mais fuir quoi? -(miaou) -Tu as peur des chiennes? -(Miaou) -Et de quoi d'autres? -(miaou) -Des abeilles? -(miaou) -Non? De quoi alors? -(Miaou) -Ah, des batailles? -(Miaou) -Mais lesquelles? J'en connais bien des batailles... bataille de Pydna, bataille de Pharsale, bataille de Khaybar, bataille de Hattin, bataille de Waterloo, et Washita River! -(Miaou) -Oh mais regarde autour de toi, il n'y a plus de bataille et il n'y a pas de chiennes, il n'y a que des corbeaux qui nous guettent à l'extérieur. Mais tu es à l'abri, à côté de moi, tu ne risques rien. -(Miaou) -Garçon!
*** Le chat s'enfuit et le garçon arrive ***
-Oui Monsieur. -Où est son maitre? -Ici même Monsieur. -Qui donc? -Moi même Monsieur. -Mais ce chat a peur. -C'est parce qu'il est libre! -Mais vous venez de me dire que vous êtes son maître? -Oui, mais il est libre! -Je ne comprends pas... -Il est libre de faire ce dont il a envie, tant que je le surveille de prêt. -Vous le surveillez? Mais pourquoi donc? -Mais quelle drôle de question! Pour le punir bien sûr si jamais il déconne. Vous savez Monsieur que les chats sont des bêtes à surveiller. Sinon elles te griffent. -Mais ce chat n'a pas de griffe! -Jamais faire confiance à un chat, Monsieur! -Vous me dites qu'il est libre. Libre parce que son maître en a voulu ainsi... c'est ça? -Écoutez-moi! Mêlez-vous de vos affaires! -Non, mais Monsieur... -Et puis vous savez quoi, j'en ai marre de vous! -Non, mais Monsieur... -Et puis regardez-vous dans la glace! Vous savez à quoi vous ressemblez? Regardez-vous dans la glace! -Non, je préfèrerais ne pas... -Vous voyez! Vous avez peur de vous voir dans la glace. Vous savez que vous êtes faux. Vous le savez. Vous savez qui vous êtes. Mettez-vous là bas au moins, au comptoir. Vous aurez bien du monde pour vous écouter. Tous des saoulards en quête de spiritueux. Ils me saoulent. Vous aussi. -Non, mais Monsieur... -Et puis écoutez moi, c'est moi le maître ici, c'est chez moi ici! -Non, mais Monsieur... -Je vous autorise à entrer dans mon bar, je vous sers mon vin, je vous présente mon chat, et maintenant vous osez me critiquer! -Non, mais Monsieur... -Vous savez que vous avez l'air con? -Non, mais Monsieur... -Et puis vous me faites pitié, vous le savez? Vous voulez ma pitié, c'est ce que vous cherchez! Dites-le! -Non, mais Monsieur... -Oui, je vous écoute! Qu'est ce que vous me voulez? -Rien de méchant. -Ah! -Oui... -D'accord, alors asseyons-nous pour parler calmement. -Non j'aime rester debout. Asseyez-vous si vous souhaitez. -D'accord. Me voilà assis. Alors expliquez-moi! -Oui. -Faites-donc! Vous m'agacez! -Tout de suite, mon cher Monsieur. Tout ce que je veux c'est de vous montrer à quel point je vous aime. J'aime votre compagnie. J'aime le cadre, le décor. J'aime votre façon de vous exprimer. Je trouve ça exotique. Je trouve ça digne d'un élu qui s'est fait élu. Digne d'un bourreau qui aime torturer sa victime avant de la laisser crever et s'en ravir. Digne d'un criminel qui se fait passer pour la victime. Digne d'un homme qui garde ses bijoux dans sa poche pour ensuite acheter sa liberté. Mais la liberté ne s'achète pas, Monsieur. C'est ce que je pense en tout cas. Vous voulez que je vous dise pourquoi je vous aime? Parce que vous m'apprenez des choses sur moi. Oui. J'apprends beaucoup de vous. Je crois même que j'ai trop appris. Je fléchis d'abord aux coups mais je réfléchis pour rétorquer. Mais les coups peuvent être mortels. Ils sont à l'image de mon adversaire. Action-réaction, c'est tout ce que je peux vous dire. Vous savez pourquoi je ne me regarde jamais dans la glace? Parce que j'ai un miroir au lieu du visage. Je renvoie à l'autre sa violence. Mais aussi sa douceur. Ses envies aussi. Et ses rêves. Oh, tenez! Regardez-le vin par exemple! -... -Mais regardez! -Il est... il est... de plus en plus sombre... -Oui, il était pâle quand j'étais avec le chat... maintenant il est sombre quand il s'agit de vous. -Vous voulez dire quoi? -Tenez-moi ce verre un instant, et je vous explique. -Oui, faites donc, et vite Monsieur, je n'ai pas trop de temps à perdre!
*** Le garçon prend le verre ***
-De quelle couleur est-il maintenant? -Il est... il est... c'est noir... très noir... jamais vu un vin aussi noir! -C'est la couleur de la mort. -Mais comment vous le savez? Et puis il était déjà très sombre entre vos mains. C'est que vous mourrez aussi! -Non, il était sombre. Pas noir. Pas complètement. Je me noyais... dans mes cauchemars. -PARBLEU! Vos mains! Noires! Vos yeux! Noirs! -Vous-avez peur? -NON! JAMAIS! -Dites-moi que vous avez peur... allez... faites-le une seule fois... soyez honnête... -Non, à quoi vous jouez? Vous ne me faites même pas peur! Il doit y avoir un truc, un jeu de lumière. J'hallucine, ou je ne sais quoi! -Regardez! Calmez-vous! Le noir se dissipe... -Oui... en vous mais pas le verre... -C'est le votre! -Je vais mourir? -Certainement. -Qui vous dit ça? -Le vieux testament. -Mais il y a eu un nouveau! -Oui, et puis plein d'autres après. -Vous y croyez? -Non. -Mais alors? En quoi vous croyez? -En rien pour l'instant. Je vous l'ai déjà dit. C'est que vous n'écoutez jamais l'autre. C'est dommage. -Qu'allez-vous faire maintenant? -Je vais commencer à croire, ça me rendra certainement plus fort. -Et puis quoi d'autre? -Rien. Je me sauve. -Et comment? -En remontant à la surface. -De quoi vous me parlez? -De ça:
*** Le garçon tombe raide mort, et le chat qui s'approche doucement ***
-(silence) -(miaou) -(silence) -(miaou) -Mort! Le maître est mort. Au trottoir ou au comptoir il sera enterré. Mais qu'importe. Je n'ai pas à le faire. Je m'en vais. -(miaou) -Mon doux... pardonne-moi d'avoir tué ton maître... -(miaou) -Je m'en vais. Prend-soin de toi. -(miaou) -Tu as été fort, courageux. Tu m'as appris à être patient, à être honnête avec moi même. Regarde comment j'ai pu m'en sortir. Regarde comment j'ai pu me libérer. Je rentre chez-moi, repeindre mon mur de blanc, de rouge ou de vert. C'est moi qui décide de ma couleur. J'enlève mon miroir. Je ne garde que le masque. Mon masque. Le masque que je suis. Vaut-mieux être un masque qu'un miroir. Vaut-mieux être un masque que plusieurs. -(miaou) -Je t'aime bien, c'est pour ça que je pars. Ma présence ne va te faire que du mal, je le vois dans tes yeux. Tes yeux me parlent. Et j'accepte ton choix. -(miaou) -Oui, je te vois trembler. Tu te rappelles certainement de moi. Oui, c'est moi. L'assassin dont on parle. Celui qui ne laisse aucune trace. Celui qui mène l'autre à sa mort. Sa propre mort. Et n'en garde aucun remords. Celui qui pensait faire tomber le masque mais qui finissait par arracher tout le visage. Celui qui arrachait les cœurs en prétendant n'arracher que le mal. Celui qui avait tellement peur qu'il faisait peur à l'autre. Voici tes griffes. Reprends-les, je t'en prie...
*** Le chat s'approche et tend sa jambe. Une fois les griffes remises le chat se transforme en femme. ***
-Je peux te prendre dans mes bras, avant le départ? -Oui. Tu peux.
*** Ils se prennent dans les bras l'un de l'autre, durant une minute et en silence. Et en même temps... ***
سحابة حمراء تسحبني تطل من شرفتي و تحمل لي شيأ من أنغامي شيأ من كلماتي شيأ من جسدي شيأ مما محاه الماضي شيأ مما أهداه لي الحلُم *** سحابة حمراء تسحبني تطل من شرفتي و تحملني إلى حيث عجزت ساقيّ أن تحملني إلى حيث عجزت أفكاري أن تأخدني إلى ما عجزت الكلمات أن توحي لي إلى ما عجزت النساء أن تمنحني إلى ما أهداه لي الحلُم *** سحابة حمراء تسحبني تطل من شرفتي و تهمس لي لكي أحلق لكي أتحرر لكي تذوب الأحزان في غسق السماء لكي تعود الفرحة إلى قلبي في سلام لكي أسترجع ما أهداه لي الحلُم *** من الحلُم تسحبني السحابة فأستيقظ
Les textes qui suivent sont des extraits du livre Les animaux ont une histoire de Robert Delort.
"Enfin, beaucoup d'animaux attirent la sympathie, à tort ou à raison. L'un des cas les plus intéressants est l'ours, qui jouit d'une réputation bonasse, surtout auprès des enfants qui se jetteraient volontiers dans les bras de cette énorme peluche anthropomorphe. Certes, les ours des parcs pyrénéens étant - hélas! - moins nombreux et moins familiers que ceux de leurs équivalents américains, le danger de cette méprise est, dans l'immédiat écarté. Il reste que le « bon » ours a une tradition tenace dans notre Occident surtout sous sa forme débonnaire, déambulant au bout de la corde du baladin, le Brun du Roman de Renard, finalement peu différent du Boniface de Walt Disney, aime le miel; s'il est parfois berné par le goupil, il peut aussi le châtier rudement sans se montrer jamais (trop) méchant. Quant à la mère ourse, de l'Antiquité gréco-romaine aux documentaires du même Walt Disney, assise sur son séant, talochant ou léchant ses « adorables » oursons, les défendant contre tout intrus, fût-ce un puma, elle personnifie la mère de famille telle qu'aime se la représenter notre civilisation occidentale."
"Ajoutons qu'il passe pour souple, câlin, indomptable, et aussi inconstant, lunatique, emporté et, par-dessus tout, faux, trompeur, fourbe... « Le chat se joue de la souris et la femme du mari » On comprend la symbolique du châtiment infligé à la femme adultère, enfermée nue dans un sac avec sa lubricité perfide, en compagnie d'un chat vivant, toutes griffes dehors, avant que ce couple scandaleux ne soit jeté à l'eau. De même que l'on perce la signification du chat placé aux pieds de Judas dans les Cènes de Luini ou encore de Ghirlandaio, de Benvenuto Cellini et de Bartolomeo « della Gatta ».
Le chat peut encore évoquer la folie, comme sur les représentations du XV ème siècle et, pourquoi pas? la folie « sexuelle » dont nous parle La Fontaine:
Un homme chérissait éperdument sa chatte. Il la trouvait mignonne et belle et délicate, Qui miaulait d'un ton fort doux. Il était plus fou que les fous.
Le fait fondamental reste que le chat est, par essence, une force naturelle, sauvage, indomptable. Et, des esquisses de Léonard à celles de Géricault, c'est bien cet aspect animal de petit tigre ou de lionne qui prime tout, et non la délicatesse et la grâce des mouvements. (...) Le meurtre du chat considéré comme un génie rebelle, tenace, est d'ailleurs une constante en Occident, depuis peut-être le néolithique."
"Mais rappelons que c'est probablement le dauphin qui a le plus continûment joui de la meilleur réputation, avec son crâne chauve, son œil « malin », son « rire » perpétuel, ses « facéties », ses sifflements « joyeux », sa camaraderie avec l'homme vérifiée depuis des légendes ou les « faits divers » antiques (Amphion, l'enfant d'Hippone) jusqu'aux marinarium et aux expériences de la Marine américaine: il sauve les hommes qui se noient (par jeu, peut-être, s'amusant à pousser tout ce qui peut flotter), exécute diverses tâches de confiance et peut même tuer des requins qui menacent une plage. Cette faveur du dauphin, fondée à la fois sur des fables et sur des récits exacts, est d'autant plus étonnante que l'Europe terrienne et profonde et même les habitants du littoral nordique n'en avaient jamais vu; mais c'est peut-être bien là le secret de cet engouement."
"Notre XX ème siècle finissant d'ailleurs, nous l'avons vu, en train de redécouvrir le miel. Les États-Unis vont jusqu'à le faire entrer dans leur colle, leur balle de golf, leurs gants, leurs savons, leurs dentifrices ou leur cigarettes! Savamment orchestrée par les producteurs et surtout par les intermédiaires, la mystique du miel commence à s'emparer du monde des consommateurs. Le miel, nourriture divine, (divum epulis) des dieux-hommes de l'Antiquité, ou des disciples du Baptiste et du Christ, se présente alors (et, à sa suite, pollen, propolis, gelée royale et cire) comme le contraire de l'artificiel, du chimique, du pollué, voire du sexuel. Harcelé par les produits sophistiqués de sa propre industrie, parfois plus ou moins obscurément horrifié par son profond laxisme, l'homme moderne garde ainsi un peu de nostalgie pour le propre et le « naturel » qu'incarnent l'insecte pur et le parfum des fleurs"
"Si certaines bêtes sont spécialement farouches, d'autres vont d'elles mêmes à la rencontre de l'homme, au moins pour le parasiter ou vivre en symbiose: en premier lieu le chacal, qui dévore les immondices et débris de toutes sortes, ou le renne, très attiré par les concentrations d'urine humaine. De même, les meutes de loups ou de chiens sauvages qui ont jadis collaboré avec l'homme pour la chasse des troupeaux avec partage, égal ou non, du gibier forcé."
"On est un peu mieux renseigné sur le cheval, dont notre civilisation mécanique a oublié l'importance qu'il a pu avoir dans le passé. Pourtant dès l'origine, il s'agit bien, comme le dit Buffon, de « la plus noble conquête » que l'homme ait jamais faite, car c'est une véritable prouesse que d'avoir eu le courage, la force, la patience de domestiquer un animal aussi rebelle, rapide, capricieux et dangereux, dont le cycle de reproduction et de croissance est particulièrement lent."
Quel est le message porté par cette pub? Je n'en vois qu'un et je le garde pour moi.
"Je parlerai souvent de la doctrine reçue que je viens de résumer comme du « dogme du fantôme dans la machine ». L’injure est délibérée. J’espère montrer que cette théorie est complètement fausse, fausse en principe et non en détail car elle n’est pas seulement un assemblage d’erreurs particulières mais une seule grosse erreur d’un genre particulier, à savoir une erreur de catégorie. En effet, cette théorie représente les faits de la vie mentale comme s’ils appartenaient à un type logique ou à une catégorie (ou à une série de types logiques ou de catégories), alors qu’en fait ils appartiennent à une autre catégorie ou à un type logique différent. C’est la raison pour laquelle il s’agit d’un mythe de philosophe. Dans mes efforts pour faire éclater le mythe, on considérera sans doute que je nie des faits bien connus concernant la vie mentale des êtres humains et, si je m’en défends en alléguant que je ne veux que rectifier la logique des concepts de conduite mentale, on rejettera probablement cette excuse comme un simple subterfuge.
Il me faut d’abord expliquer ce que j’entends par l’expression « erreur de catégorie » ; je le ferai en m’aidant d’une série d’exemples.
Un étranger visite pour la première fois Oxford ou Cambridge ; on lui montre des collèges, des bibliothèques, des terrains de sport, des musées, des laboratoires et des bâtiments administratifs. Cet étranger demande alors : « Mais, où est l’Université ? J’ai vu où vivent les membres des collèges, où travaille le Recteur, où les physiciens font leurs expériences et différents autres bâtiments, mais je n’ai pas encore vu l’Université dans laquelle résident et travaillent les membres de votre Université.» Il faudra alors lui expliquer que l’Université n’est pas une institution supplémentaire, une adjonction aux collèges, laboratoires et bureaux qu’il a pu voir. L’Université n’est que la façon dont tout ce qu’il a vu est organisé. Voir les divers bâtiments et comprendre leur coordination, c’est voir l’Université. L’erreur de cet étranger gît dans la croyance naïve qu’il est correct de parler de Christ Church Collège, de la Bodléienne, du musée Ashmolean et de l’Université, comme si cette dernière était un autre membre de la classe dont les institutions déjà mentionnées sont des membres. A tort, il logeait l’Université dans la même catégorie que celle à laquelle appartiennent les autres institutions. (…) Le propos de ma critique est de montrer qu’une famille d’erreurs de catégories radicales se trouve à l’origine de la théorie de la double vie. La représentation de la personne humaine comme un fantôme ou un esprit mystérieusement niché dans une machine dérive de cette théorie."
C'est le maître qui crée le marché. C'est le maître qui crée le faux. C'est le maître qui produit. C'est le maître qui réduit. C'est le maître qui vend. Le maître est fasciné par le faux qu'il produit. Le maître est fasciné par son esclave. Le maître transmets son faux à l'esclave. Le maître déverse sa haine de/du soi/faux sur son esclave. Le maître s'amuse à rappeler à l'esclave sa condition d'esclave. Le maître aime contempler les ruines de l'esclave.
"L'amour et la mort. Ces deux termes s'associent très vite quand l'un est écrit." - Jean Genet; Quatre heures à Chatila.
Image: René Magritte; La grande famille
Bonus Track:
Longtemps symbole de paix, d'amour et de fidélité la colombe a fini par se tirer deux coups de grâce et la paix fût sur terre. Qu'elle repose en paix, car je lui dédie mon âme, car je lui dédie mon être. Repose en paix et bois à ma musique!
"Je vous indique, de la sorte, ce que pouvait être ma forme de sensibilité. La nature m'inquiétait. Mon amour pour Stilitano, le fracas de son irruption dans ma misère, je ne sais quoi, me livrèrent aux éléments. Mais ceux-ci sont méchants. Afin de les apprivoiser je les voulus contenir. Je refusais de leur dénier toute cruauté, au contraire, je les félicitai d'en posséder tant, je les flattai.
Une telle opération ne se pouvant réussir par la dialectique, j'eus recours à la magie, c'est-à-dire à une sorte de prédisposition voulue, une intuitive complicité avec la nature. Le langage ne m'eût été d'aucun secours. C'est alors que me devinrent maternelles les choses et les circonstances où cependant, aiguillon d'une abeille, veillait la pointe de l'orgueil. (Maternelles: c'est-à-dire dont l'élément essentiel est la féminité. En écrivant cela je ne veux faire aucune allusion à quelque référence mazdéenne: j'indique seulement que ma sensibilité exigeait de voir autour de soi une disposition féminine. Elle le pouvait puisqu'elle avait su s'emparer des qualités viriles: dureté, cruauté, indifférence.)"
-Jean Genet; Journal du voleur.
Image: René Magritte; La grande guerre (1964)
Bonus Track (Nous nous excusons pour la gêne orientaliste occasionnée):
زحمه يا دنيا
زحمه يا دنيا زحمه وتاهوا الحبايب زحمه ولا عادشي رحمه مولد وصاحبه غايب
اجي من هنا زحمه واروح هنا زحمه هنا او هنا زحمه زحمه يا دنيا زحمه
زحمه وانا رايح له وانا وسط الزحام عايز يسمع واقله ما بيوصلشي الكلام بيني وبينه معاد وحيروح المعاد
اجي من هنا زحمه واروح هنا زحمه هنا او هنا زحمه زحمه يادنيا زحمه
زحمه ومعطلاني وان رحت وما لقيتوش اخاف اروح له تاني في معادي وما القاهوش كتير الناس كتير وانا عايزاركب واطير
Crowded, oh World
Crowded, the world is crowded
Crowded, and the lovers are lost
Crowded, and mercy never comes
A Mulid (prophet's festival) without its leader
I come from here
Crowded
I go here
Crowded
Here or there
Crowded
Crowded, the world is crowded
Crowded and I am going to her
And I am in the midst of the crowd
She wants to hear me and I tell her
But the words don't reach her
And we have an appointment
We're going to miss our appointment
Crowded, and it's cutting me off
And if I go and do not find her there
I'll be scared to go to her again on time for my appointment and not find her there
"[...] Mais le temps où nous restons naturellement placés, le changement dont nous nous donnons ordinairement le spectacle, sont un temps et un changement que nos sens et notre conscience ont réduits en poussière pour faciliter notre action sur les choses. Défaisons ce qu'ils ont fait, ramenons notre perception à ses origines, et nous aurons une connaissance d'un nouveau genre sans avoir eu besoin de recourir à des facultés nouvelles.
Si cette connaissance se généralise, ce n'est pas seulement la spéculation qui en profitera. La vie de tous les jours pourra en être réchauffée et illuminée. Car le monde où nos sens et notre conscience nous introduisent habituellement n'est plus que l'ombre de lui-même ; et il est froid comme la mort. Tout y est arrangé pour notre plus grande commodité, mais tout y est dans un présent qui semble recommencer sans cesse ; et nous-mêmes artificiellement façonnés à l'image d'un univers non moins artificiel, nous nous apercevons dans l'instantané, nous parlons du passé comme de l'aboli, nous voyons dans le souvenir un fait étrange ou en tout cas étranger, un secours prêté à l'esprit par la matière. Ressaisissons-nous au contraire, tels que nous sommes, dans un présent épais et, de plus, élastique, que nous pouvons dilater indéfiniment vers l'arrière en reculant de plus en plus loin l'écran qui nous masque à nous mêmes ; ressaisissons le monde extérieur tel qu'il est, non seulement en surface, dans le moment actuel, mais en profondeur, avec le passé immédiat qui le presse et qui lui imprime son élan ; habituons-nous, en un mot, à voir toutes choses sub specie durationis : aussitôt le raidi se détend, l'assoupi se réveille, le mort ressuscite dans notre perception galvanisée. Les satisfactions que l'art ne fournira jamais qu'à des privilégiés de la nature et de la fortune, et de loin en loin seulement, la philosophie ainsi entendue nous les offrirait à tous, à tout moment, en réinsufflant la vie aux fantômes qui nous entourent et en nous revivifiant nous-mêmes. Par là elle deviendrait complémentaire de la science dans la pratique aussi bien que dans la spéculation. Avec ses applications qui ne visent que la commodité de l'existence, la science nous promet le bien-être, tout au plus le plaisir. Mais la philosophie pourrait déjà nous donner la joie."
- Henri Bergson; L’intuition philosophique (Conférence faite au Congrès de Philosophie de Bologne le 10 avril 1911)
"Je nomme violence une audace au repos amoureuse des périls. On la distingue dans un regard, une démarche, un sourire, et c'est en vous qu'elle produit les remous. Elle vous démonte. Cette violence est un calme qui vous agite. On dit quelquefois: «Un gars a de la gueule.» Les traits délicats de Pilorge étaient d’une violence extrême. Leur délicatesse surtout était violence." -Jean Genet; Journal du voleur.
بأيام البرد و أيام الشتي و الرصيف بحيرة و الشارع غريق تجي هاك البنت من بيتها العتيق و يقلا انطريني و تنطرعالطريق و يروح و ينساها و تدبل بالشتي
حبيتك بالصيف حبيتك بالشتي نطرتك بالصيف نطرتك بالشتي و عيونك الصيف و عيوني الشتي ملقانا يا حبيبي خلف الصيف و خلف الشتي
مرقت الغريبة عطيتني رسالة كتبها حبيبي بالدمع الحزين فتحت الرسالة حروفها ضايعين و مرقت أيام و غربتنا سنين و حروف الرسالة محيها الشتي
Fairuz - I Loved You In Summer
In the days of cold and days of winter The pavement is a lake And the street is drowning That girl comes from her old house He told her "wait for me" So she waits for him in the road But he leaves and forgets her While she withers in the winter
I loved you in the summer, I loved you in the winter I waited for you in the summer, I waited for you in the winter Your eyes are the summer, my eyes are the winter Our meeting darling is beyond the summer and the winter
A stranger passed by and she gave me a letter My beloved wrote it with tears of sadness I opened the letter, but the letters were missing Days passed and the years drew us apart And the letters of the message were erased by the winter (note: the word for winter and rain is the same in Lebanon)
Avec toutes ces courbes de femmes qu'il enflamme...
Et qu'il dresse pour lui témoigner de sa gloire...
Une boite à allumettes...
Qui brûle...
Qui brûle nos âmes...
Qui brûle...
Pendant que la mèche hante femme et homme...
A quand la fin de cette pièce qui n'a jamais commencé?
Arrêtons de tirer sur les ficelles et les super ficelles...
Découvrons nos visages et nos yeux couverts...
De toiles tissées...
Avec soin...
Par nos propres mots empoisonnés...
Par le superficiel et le subterfuge...
Car le feu doit s'éteindre...
Car le feu est à vaincre...
Je vous livre ici, les premières incantations...
Car seule la pluie violette a le pouvoir de nous conserver.
Musique!
"I'm so tired of playing, Playing with this bow and arrow, Gonna give my heart away, Leave it to the other girls to play, For I've been a temptress too long. Hmm just, Give me a reason to love you, Give me a reason to be, A woman, I just wanna be a woman. From this time, unchained, We're all looking at a different picture,Through this new frame of mind, A thousand flowers could bloom, Move over, and give us some room.Yeah, Give me a reason to love you, Give me a reason to be, A woman, I just want to be a woman. So don't you stop, being a man, Just take a little look from our side when you can, Saw a little tenderness, No matter if you cry. Give me a reason to love you, Give me a reason to be, A woman, It's all I wanna be is all woman. For this is the beginning of forever and ever, It's time to move over , So I want to be. I'm so tired of playing, Playing with this bow and arrow, Gonna give my heart away, Leave it to the other girls to play. For I've been a temptress too long. Hmm just, Give me a reason to love you..."
traduction : je suis extenuée de jouer, de jouer avec ces arcs et ces flèches, je suis entrain de mettre mon coeur à l'écart, je laisse ça aux autres fille pour qu'elles jouent, pour ce que j'ai été une tentatrice depuis trop longtemps. hmm, donne moi seulement une raison d'être, donne moi seulement une raison d'être une femme. je veux juste être une femme. depuis le temps, sans attache, nous regardons tous une projection différente, à travers cette nouvelle voie (trame, base) qui est la mienne, un millier de fleurs pourrait éclore, remue-toi et donne nous un espace. oui, donne moi une raison de t'aimer, donne-moi une raison d'être.. une femme. je désire juste être une femme. Ne peux-tu juste pas arrêter d'être un homme? jette seulement un coup d'oeil de notre point de vue si tu peux, pour avoir vu un peu de tendresse, ce n'est pas grave si tu pleures. donne moi une raison de t'aimer, donne moi une raison d'être... une femme. c'est tout ce que j'espère être entièrement femme . depuis la nuit des temps, pour toujours et à jamais, c'est le moment de réagir, alors je veux être. j'en ai assez de jouer, de jouer avec ces arcs et ses flèches, je vais donner mon coeur à un ailleurs, je laisse ça aux autres filles pour qu'elles s'amusent. puisque j'ai été une séductrice depuis trop longtemps. hmmm, donne moi juste une raison de t'aimer...
I never meant to cause you any sorrow... I never meant to cause you any pain. I only wanted to one time see you laughing. I only wanted to see you laughing in the purple rain.
I only wanted to see you bathing in the purple rain.
I never wanted to be your weekend lover. I only wanted to be some kind of friend. Baby I could never steal you from another. It's such a shame our friendship had to end.
I only wanted to see you underneath the purple rain.
Honey I know, I know, I know times are changing. It's time we all reach out for something new, That means you too. You say you want a leader, But you can't seem to make up your mind. I think you better close it, And let me guide you to the purple rain.
Purple rain, Purple rain Purple rain, Purple rain
If you know what I'm singing about up here. C'mon raise your hand.
"Et une femme parla, disant : Parlez-nous de la Souffrance
Et il dit :
La souffrance est une fêlure dans la coquille qui enferme votre entendement.
De même que le noyau du fruit doit se rompre pour que son germe puisse s’offrir au soleil, de même vous devez connaître la souffrance.
Et si vous pouviez garder votre cœur dans l’émerveillement des miracles quotidiens de votre vie, votre souffrance apparaîtrait non moins merveilleuse que votre joie ;
Et vous accepteriez les saisons de votre cœur, de même que vous avez toujours accepté les saisons qui passent sur vos champs.
Et vous regarderiez avec sérénité au travers des hivers de votre tristesse.
Beaucoup de votre souffrance est choisie par vous-même.
C’est l’amère potion par laquelle le médecin qui est en vous guérit votre être malade.
Soyez donc confiant en ce médecin, et buvez son remède en silence et avec tranquillité :
Car sa main, bien qu’elle soit lourde et dure, est guidée par la main tendre de l’Invisible.
Et la coupe qu’il apporte, bien qu’elle brûle vos lèvres, fut façonnée de l’argile que le Potier a trempée de Ses propres larmes sacrées."
-Jabrane Khalil Jabrane; Le prophète (La souffrance)
Image: Damien Legrain; Nan Goldin (d'après un autoportrait)
Bonus Track:
و ما بان ليك غير هو و ما عز عليك غير هو أوشحال عندي منه ياك غير هو و ديتيه ياك غير هو و جليتيه و ما بان ليك غير هو و ما عز عليك غير هو
والغادي بعيد والغادي بعيد والغادي بعيد
ونبكيو عل الولف اللي فيا و القمرة ضوها عليا و دموعي ف عينيا و تحكي لك ما بيا
و اش هاذ الحقرة و يا الغادي ارجع نديرو فصال إلا كانت القدرة و راه راضي الفراق سمعتو فال
غربت الشمس بان ظلام الليل وليدي وليدي و قربو لبعيد راه الشوق مرير وليدي وليدي و المحبة تكوي وما دواك أقليب وليدي وليدي برجوع الهاجر يصفى لغدير
وا لوليد وا يليلي و فين موليك وا لوليد وا يليلي و فين موليك وا لوليد هاهوما خوضك اه
و يعملها للرجال اللي عابو فيك
وا لوليد وا يليلي و ها هما موليك وا لوليد وا يليلي و ها هما موليك
"Le mot est matière. En apparence (une apparence qui en tant que telle a sa vérité), il me frappe matériellement, comme un ébranlement de l’air qui produit certaines réactions dans mon organisme, en particulier certains réflexes conditionnés qui le reproduisent en moi dans sa matérialité (je l’entends en le parlant au fond de ma gorge). Cela permet de dire, plus brièvement - c’est aussi faux et aussi juste - qu’il entre chez chacun des interlocuteurs comme véhicule de son sens. Il transporte en moi les projets de l’Autre et dans l’Autre mes propres projets. Il n’est pas douteux qu’on pourrait étudier le langage de la même façon que la monnaie : comme matérialité circulante, inerte, unifiant des dispersions ; c’est, en partie, du reste, ce que fait la philologie. Les mots vivent de la mort des hommes, ils s’unissent à travers eux ; chaque phrase que je forme, son sens m’échappe, il m’est volé ; chaque jour et chaque parleur altère pour tous les significations, les autres viennent les changer jusque dans ma bouche. Nul doute que le langage ne soit en un sens une inerte totalité. Mais cette matérialité se trouve en même temps une totalisation organique et perpétuellement en cours. Sans doute la parole sépare autant qu’elle unit, sans doute les clivages, les strates, les inerties du groupe s’y reflètent, sans doute les dialogues sont-ils en partie des dialogues de sourds : le pessimisme des bourgeois a décidé depuis longtemps de s’en tenir à cette constatation-, le rapport originel des hommes entre eux se réduirait à la pure et simple coïncidence extérieure de substances inaltérables ; dans ces conditions, il va de soi que chaque mot en chacun dépendra, dans sa signification présente, de ses références au système total de l’intériorité et qu’il sera l’objet d’une compréhension incommunicable. Seulement, cette incommunicabilité - dans la mesure où elle existe - ne peut avoir de sens que si elle se fonde sur une communication fondamentale, c’est-à-dire sur une reconnaissance réciproque et sur un projet permanent de communiquer ; mieux encore : sur une communication permanente, collective, institutionnelle de tous les Français, par exemple, par l’intermédiaire constant, même dans le silence de la matérialité verbale, et sur le projet actuel de telle ou telle personne de particulariser cette communication générale. En vérité, chaque mot est unique, extérieur à chacun et à tous ; dehors, c’est une institution commune ; parler ne consiste pas à faire entrer un vocable dans un cerveau par l’oreille mais à renvoyer par des sons l’interlocuteur à ce vocable, comme propriété commune et extérieure. (…)
Les langues sont le produit de l’Histoire ; en tant que telles, en chacune on retrouve l’extériorité et l’unité de séparation. Mais le langage ne peut être venu à l’homme puisqu’il se suppose lui-même : pour qu’un individu puisse découvrir son isolement, son aliénation, pour qu’il puisse souffrir du silence et, tout aussi bien, pour qu’il s’intègre à quelque entreprise collective, il faut que son rapport à autrui, tel qu’il s’exprime par et dans la matérialité du langage, le constitue dans sa réalité même."
- Jean-Paul SARTRE; Critique de la raison dialectique (Une communication fondamentale)
"Le langage est-il transmission et écoute des messages qui seraient pensés indépendamment de cette transmission et de cette écoute ; indépendamment de la communication (même si les pensées ont recours à des langues historiquement constituées et se plient aux conditions négatives de la communication, à la logique, aux principes de l’ordre et de l’universalité) ? Ou, au contraire, le langage comporterait-il un événement positif et préalable de la communication qui serait approche et contact du prochain et où résiderait le secret de la naissance de la pensée elle-même et de l’énoncé verbal qui la porte ?
Sans tenter d’exposer cette naissance latente, la présente étude a consisté à penser ensemble langage et contact, en analysant le contact en dehors des « renseignements » qu’il peut recueillir sur la surface des êtres, en analysant le langage indépendamment de la cohérence et de la vérité des informations transmises - en saisissant en eux l’événement de la proximité. Événement évanescent aussitôt submergé par l’afflux des savoirs et des vérités qui se donnent pour l’essence, c’est-à-dire pour la condition de la possibilité de la proximité. Et n’est-ce pas justice ? L’aveuglement, l’erreur, l’absurdité - peuvent-ils rapprocher ?
Mais la pensée et la vérité peuvent-elles forcer Autrui à entrer dans mon discours, à devenir interlocuteur ? L’évanescence de la proximité dans la vérité est son ambiguïté même, son énigme, c’est-à-dire sa transcendance hors l’intentionnalité. La proximité n’est pas une intentionnalité.
Être auprès de quelque chose n’est pas se l’ouvrir et, ainsi dévoilé, le viser, ni même remplir par l’intuition la « pensée signitive » qui le vise et toujours lui prêter un sens que le sujet porte en soi. Approcher, c’est toucher le prochain, par-delà les données appréhendées à distance dans la connaissance, c’est approcher Autrui. Ce revirement du donné en prochain et de la représentation en contact, du savoir en éthique, est visage et peau humaine. Dans le contact sensoriel ou verbal sommeille la caresse, en elle la proximité signifie : languir après le prochain comme si sa proximité et son voisinage étaient aussi une absence. Non point un éloignement encore susceptible d’être entendu dans l’intentionnalité, mais une absence démesurée qui ne peut même pas se matérialiser - ou s’incarner - en corrélatif d’un entendement, l’infini, et ainsi, dans un sens absolu, invisible, c’est-à-dire hors toute intentionnalité. Le prochain - ce visage et cette peau dans la trace de cette absence et par conséquent dans leur misère de délaissés et leur irrécusable droit sur moi - m’obsède d’une obsession irréductible à la conscience et qui n’a pas commencé dans ma liberté. Suis-je dans mon égoïté de moi autre chose qu’un otage ?
Le contact où j’approche le prochain n’est pas manifestation ni savoir, mais l’événement éthique de la communication que toute transmission de messages suppose, qui instaure l’universalité où mots et propositions vont s’énoncer."
- Emmanuel LÉVINAS ; L’événement éthique de la communication.
Bonus Track:
"Keep Talking"
For millions of years mankind lived just like the animals Then something happened which unleashed the power of our imagination We learned to talk
There's a silence surrounding me I can't seem to think straight I'll sit in the corner No one can bother me I think I should speak now I can't seem to speak now My words won't come out right I feel like I'm drowning I'm feeling weak now But I can't show my weakness I sometimes wonder Where do we go from here
It doesn't have to be like this All we need to do is make sure we keep talking
Why won't you talk to me You never talk to me What are you thinking What are you feeling Why won't you talk to me You never talk to me What are you thinking Where do we go from here
It doesn't have to be like this All we need to do is make sure we keep talking
Why won't you talk to me You never talk to me What are you thinking What are you feeling Why won't you talk to me You never talk to me What are you thinking What are you feeling
I feel like I'm drowning You know I can't breathe now We're going nowhere We're going nowhere
On peut dire que nous vivons dans un monde dans lequel les réalités se croisent. Au carrefour de plusieurs voies de l’esprit nous assistons à une intersection de modèles auto-régressifs*. A un moment donné, un modèle peut paraître se comporter comme un être réel. Néanmoins, sa réalité complète, ne dépasse pas son statut de modèle. Tout le reste n'est qu'une question de croyance en la véracité, l'universalité ou la validité du modèle.
* expliqué et justifié par ses valeurs passées plutôt que par d'autres variables.