"Les animaux ont une histoire" qu'on a tendance à oublier

Les textes qui suivent sont des extraits du livre Les animaux ont une histoire de Robert Delort.


"Enfin, beaucoup d'animaux attirent la sympathie, à tort ou à raison. L'un des cas les plus intéressants est l'ours, qui jouit d'une réputation bonasse, surtout auprès des enfants qui se jetteraient volontiers dans les bras de cette énorme peluche anthropomorphe. Certes, les ours des parcs pyrénéens étant - hélas! - moins nombreux et moins familiers que ceux de leurs équivalents américains, le danger de cette méprise est, dans l'immédiat écarté. Il reste que le « bon » ours a une tradition tenace dans notre Occident surtout sous sa forme débonnaire, déambulant au bout de la corde du baladin, le Brun du Roman de Renard, finalement peu différent du Boniface de Walt Disney, aime le miel; s'il est parfois berné par le goupil, il peut aussi le châtier rudement sans se montrer jamais (trop) méchant. Quant à la mère ourse, de l'Antiquité gréco-romaine aux documentaires du même Walt Disney, assise sur son séant, talochant ou léchant ses « adorables » oursons, les défendant contre tout intrus, fût-ce un puma, elle personnifie la mère de famille telle qu'aime se la représenter notre civilisation occidentale."


"Ajoutons qu'il passe pour souple, câlin, indomptable, et aussi inconstant, lunatique, emporté et, par-dessus tout, faux, trompeur, fourbe... « Le chat se joue de la souris et la femme du mari » On comprend la symbolique du châtiment infligé à la femme adultère, enfermée nue dans un sac avec sa lubricité perfide, en compagnie d'un chat vivant, toutes griffes dehors, avant que ce couple scandaleux ne soit jeté à l'eau. De même que l'on perce la signification du chat placé aux pieds de Judas dans les Cènes de Luini ou encore de Ghirlandaio, de Benvenuto Cellini et de Bartolomeo « della Gatta ».

Le chat peut encore évoquer la folie, comme sur les représentations du XV ème siècle et, pourquoi pas? la folie « sexuelle » dont nous parle La Fontaine:

Un homme chérissait éperdument sa chatte.
Il la trouvait mignonne et belle et délicate,
Qui miaulait d'un ton fort doux.
Il était plus fou que les fous.


Le fait fondamental reste que le chat est, par essence, une force naturelle, sauvage, indomptable. Et, des esquisses de Léonard à celles de Géricault, c'est bien cet aspect animal de petit tigre ou de lionne qui prime tout, et non la délicatesse et la grâce des mouvements. (...) Le meurtre du chat considéré comme un génie rebelle, tenace, est d'ailleurs une constante en Occident, depuis peut-être le néolithique."


"Mais rappelons que c'est probablement le dauphin qui a le plus continûment joui de la meilleur réputation, avec son crâne chauve, son œil « malin », son « rire » perpétuel, ses « facéties », ses sifflements « joyeux », sa camaraderie avec l'homme vérifiée depuis des légendes ou les « faits divers » antiques (Amphion, l'enfant d'Hippone) jusqu'aux marinarium et aux expériences de la Marine américaine: il sauve les hommes qui se noient (par jeu, peut-être, s'amusant à pousser tout ce qui peut flotter), exécute diverses tâches de confiance et peut même tuer des requins qui menacent une plage. Cette faveur du dauphin, fondée à la fois sur des fables et sur des récits exacts, est d'autant plus étonnante que l'Europe terrienne et profonde et même les habitants du littoral nordique n'en avaient jamais vu; mais c'est peut-être bien là le secret de cet engouement."


"Notre XX ème siècle finissant d'ailleurs, nous l'avons vu, en train de redécouvrir le miel. Les États-Unis vont jusqu'à le faire entrer dans leur colle, leur balle de golf, leurs gants, leurs savons, leurs dentifrices ou leur cigarettes! Savamment orchestrée par les producteurs et surtout par les intermédiaires, la mystique du miel commence à s'emparer du monde des consommateurs. Le miel, nourriture divine, (divum epulis) des dieux-hommes de l'Antiquité, ou des disciples du Baptiste et du Christ, se présente alors (et, à sa suite, pollen, propolis, gelée royale et cire) comme le contraire de l'artificiel, du chimique, du pollué, voire du sexuel. Harcelé par les produits sophistiqués de sa propre industrie, parfois plus ou moins obscurément horrifié par son profond laxisme, l'homme moderne garde ainsi un peu de nostalgie pour le propre et le « naturel » qu'incarnent l'insecte pur et le parfum des fleurs"


"Si certaines bêtes sont spécialement farouches, d'autres vont d'elles mêmes à la rencontre de l'homme, au moins pour le parasiter ou vivre en symbiose: en premier lieu le chacal, qui dévore les immondices et débris de toutes sortes, ou le renne, très attiré par les concentrations d'urine humaine. De même, les meutes de loups ou de chiens sauvages qui ont jadis collaboré avec l'homme pour la chasse des troupeaux avec partage, égal ou non, du gibier forcé."


"On est un peu mieux renseigné sur le cheval, dont notre civilisation mécanique a oublié l'importance qu'il a pu avoir dans le passé. Pourtant dès l'origine, il s'agit bien, comme le dit Buffon, de « la plus noble conquête » que l'homme ait jamais faite, car c'est une véritable prouesse que d'avoir eu le courage, la force, la patience de domestiquer un animal aussi rebelle, rapide, capricieux et dangereux, dont le cycle de reproduction et de croissance est particulièrement lent."



Quel est le message porté par cette pub? Je n'en vois qu'un et je le garde pour moi.

Bonus Track:

0 commentaires: